Curator, curation... Néologisme, buzzword ou simple phénomène marketing, un constat est à faire : de plus en plus de plateformes dédiées à
cette activité se développent sur le web. Outils qui, au-delà de leur utilité pour formaliser, classer et diffuser une veille, se révèlent aussi intéressant à observer dans une problématique de
gestion de la réputation en ligne. Voici quelques unes de ces plateformes...
Si le « curator » fait de la veille, et que de plus il sait/peut la médiatiser, alors les outils qu'il utilise peuvent
(doivent ?) être pris en compte dans une veille d'opinion ou d'image. Pour faire suite au précèdent article (Le curator est-il un veilleur ?) voici quelques outils visant à
faciliter cette (nouvelle/ancienne ?) activité. L'idée n'est pas ici d'en faire une présentation exhaustive, mais de vous inciter à aller y jeter un oeil afin de, pourquoi pas, découvrir de
nouvelles sources utiles à votre stratégie de veille et d'e-réputation.
Et même si (nous sommes bien d'accord) ces plateformes rappellent étrangement certaines de bookmarking, qu'elles sont pour la plupart
étroitement liées à Twitter et qu'elles surfent sur une terminologie nouvelle (mais des usages bien réels), leurs éditeurs les dénomment d'eux-même : plateformes de curation.
Quel(s) intérêt(s) pour la gestion de la réputation en ligne ?
==> Tout d'abord formaliser et médiatiser une veille sur un sujet précis.
Plutôt que faire du mashup (parfois mal interprété) il peut être intéressant pour une
organisation de développer un profil sur l'un de ces outils afin de démontrer l'expertise de ses collaborateurs (si la selection est humaine et non basée sur un algorithme), sa connaissance d'un
secteur, etc.
==> Bien évidemment devenir soi même un curator qui curationne... Cet aspect
ne sera pas développer ici (côté création donc), ou très peu, l'idée étant plus de présenter comment appréhender globalement ces plateformes de manière « passive ».
==> En interne, ces outils peuvent devenir des supports intéressants de diffusion d'une
veille.
==> Dans le cadre d'une veille sur un sujet précis, ou sur une organisation, les curators
peuvent être vus comme des utilisateurs de Twitter : ils ont des followers, ils se démarquent (ou non) sur un sujet particulier, ils sélectionnent des ressources intéressantes... Bref, ils
peuvent soit devenir un indicateur médiatique sur les sujets intéressants pour leur communauté de lecteurs (ou followers). Soit être un (ego)filtre pour les veilleurs en
e-réputation pour sélectionner certains articles concernant leur organisation, ou encore dans l'idée que ces articles semblent devoir être mémorisés et partagés (en résumé une sélection par et
pour l'internaute).
Ces plateformes seront classées en deux « catégories » : plateformes humaines, et basées sur un algorithme.
Les plateformes humaines
Le principe de ces plateformes est de reposer sur une selection par l'utilisateur des articles à diffuser, et non pas sur un choix
mathématique et souvent aléatoire. Même si, bien entendu, une automatisation peut être faite, notamment par l'utilisation de flux RSS.
Globalement ces plateformes proposent des fonctionnalités et des ergonomies relativement similaires. L'idée étant plus de choisir des
profils pertinents d'utilisateurs sur chacune de ces différentes plateformes (au niveau de la veille) plutôt que de camper dans seulement une ou deux d'entre elles.
Curated.by
Curated.by permet (après inscription depuis votre profil Twitter) à l'aide d'une extension Google Chrome, ou tout simplement grâce à la barre dédiée à cet effet,
de mettre un lien en provenance de Twitter. Curated By vous propose ensuite de créer un sujet associé (ou de l'inclure dans un sujet existant), de choisir si vous souhaitez qu'il soit commenté,
ou encore qu'il reste en privé.
Détail technique : sur Curated.by, il faut dire un « Bundle » pour parler d'un sujet ou d'un article que l'on met en ligne
(n'est pas curator qui veut ).
Au-delà, pour la veille, Curated.by propose plusieurs fonctionnalités intéressantes de recherche et de veille :
=> un « news feed » pour voir les liens ou commentaires de vos contacts
=> un classement des « bundles » les plus lus ou partagés ou suivis
=> les sujet les plus populaires (avec le plus de bundles et de followers)
=> les derniers curators arrivés sur la plateformes
=> un moteur de recherche de sujets
Le moteur de recherche affiche clairement les personnes ayant créés des pages/sujets en rapport, avec le nombre de personnes s'étant
abonnées (fitre médiatique).
Lorsque vous arrivez sur un sujet, la présentation du profil est plutôt intéressante, puisque vous pouvez identifier : le nombre de
liens proposés, le nombre de fois où le profil a été vu, les comptes Twitter où on été piochés certains liens, ainsi que la liste des sources d'où proviennent les contenus (très utile pour
repérer les articles qui ont « marché »... ou découvrir de nouvelles sources !).
Remarques : cette plateforme est encore majoritairement anglophone, à voir avec le temps donc (si le système fonctionne). Notons au
passage que tout est fait pour attirer des utilisateurs de Twitter, du design à l'ergonomie en passant par le fontionnement global.
Chripstory
Chirpstory est en quelque sorte un clone de Curated.by (ou inversement),
proposant le même fonctionnement pour partager des liens (des « storys »), soit : en entrant manuellement des liens, ou en connectant directement son compte Twitter. Seule l'interface
(sur deux tableaux parallèles rappelant Storify présenté plus loin) diffère...
Gros bémol : Chirpstory ne propose pas (encore) de moteur de recherche efficace ! De plus, après exploration, la
plupart des « storys » ne sont que des liens issus de comptes Twitter pour la plupart (là où l'outil propose tout de même une interface pour mettre en forme ces dites
« storys »)...
La présentation des liens et des comptes est quant à elle, et comme pour l'outil précédent, assez intéressante puisque l'on peut voir
le nombre de fois où l'histoire a été lue, partagée, sauvegardée par d'autres utilisateurs, etc.
Au final, un outil qui a peut être voulu surfer trop vite sur la curavague... Au dernier test (pour les impressions
d'écrans de ce billet), l'outil d'ajout et de recherche des liens ne fonctionnait tout simplement pas. Pour les anglophones voulant aller plus loin, vous pouvez regarder la vidéo de présentation de cet outi.
Keepstream
Keepstream propose, encore une fois, les mêmes fonctionnalités pour ajouter du
contenu que les deux outils précédents. Seule différence, l'ergonomie en drag and drop de Keepstream permettant de créer directement un « draft » depuis sa timeline :
Là encore, pas de moteur de recherche mais un système de timeline pour chercher des « collections » de liens créés par
d'autres utilisateurs. En bref pas très pratique, surtout au vu du faible contenu présent pour l'instant sur la plateforme... A voir dans quelques mois ?!
Bag the web
Bag the web est un outil plus abouti que les deux précédents, et qui semble plus
axé sur l'aspect « humain » de la selection des liens :
=> Pas de connexion au compte Twitter nécessaire
=> La possibilité d'ajouter du contenu soit sous forme d'un simple lien commenté, soit sous forme d'un
article
=> Bag the web ne met pas automatiquement d'images, c'est à vous de choisir celle qui doit illustrer votre lien (ou
billet)
=> Un système de « bags » simple à appréhender pour gérer des collections de liens
Résumons : une plateforme plus orientée sur une vraie mise en contexte non-automatisée de l'information par l'utilisateur. Avec la
possibilité, bien évidemment, d'ajouter un bookmarklet sur votre navigateur ou encore un flux RSS.
Et (miracle!), Bag the web propose même un moteur de recherche :
Moteur vous signalant les « bags » ayant le plus de liens contenant le mot-clé cherché, ainsi qu'une liste d'utilisateurs
abordant (plus ou moins) la thématique.
De plus, la plateforme vous propose les derniers sujets et # (Twitter est partout...) les plus partagés, ainsi qu'une liste des
utilisteurs les plus actifs :
Avec, bien sur, pour chaque « bag » ou utilisateurs, des données sur le nombre de visites, de partages, de commentaires,
etc.
Intéressant pour une approche de gestion de contenu (type bookmarking), cette plateforme est encore trop peu utilisée
pour représenter un intérêt pressant pour de la veille d'opinion (mais avec le développement d'une forte communauté, cela peut devenir tout autre).
Newser
Newser est une plateforme dont l'interface rappelle celle d'un site de presse en
ligne, et qui là aussi repose principalement sur une selection manuelle des contenus à diffuser. Comme pour Bag the web, Newser permet : d'ajouter un lien, un titre, un résumé, un commentaire et
une image pour illustrer :
Newser présente ensuite les derniers résumés des utilisateurs sur une interface plutôt sympathique sous forme d'images. L'interface des
comptes et de présentation des résumés est elle aussi sobre et accessible (bien que bourrée de publicités), proposant même de noter la news en elle-même (ou le résumé qui en est fait...) :
Le moteur de recherche est plutôt décevant puisqu'il s'agit d'un Google CS, avec tout de même la possibilité de trier par : recherche
sur l'ensemble du site, dans les « news », les tags ou encore les profils d'utilisateurs.
Scoop.it
Scoop.it, outil français développé par Goojet, est l'une des palteformes de curation
la plus médiatisée ces derniers temps sur le web francophone. Pas étonnant donc de retrouver une communauté de plus en plus développée.
Cet outil, comparativement à certains présentés ici, est abouti au niveau de l'interface et de l'ergonomie, ainsi que de son classement
des sujets et la présentation des utilistaurs et de leur(s) réseau(x).
Jeune outil mais avec déjà pas mal d'articles le concernant! Articles que vous êtes invites à lire pour mieux comprendre son
fonctionnement et son intérêt (pas besoins de réécrire ce qui est déjà bien fait ):
==> http://moderateur.blog.regionsjob.com/index.php/post/la-curation-avec-scoopit-et-100-invitations-a-gagner
==> http://fr.techcrunch.com/2011/01/04/scoop-it-nouvel-acteur-de-la-curation-entre-blog-et-twitter-invitation-beta
==> http://frenchweb.fr/goojet-lance-scoop-it-entretien-avec-son-directeur-general-guillaume-decugis/
Storify
Storify est une plateforme semi-automatisée, puisque pour fonctionner elle nécessite
de se connecter à un compte de réseau social. Même concept que les précédentes (avec moins de possibilités « d'agrémenter » ses « histoires »), cette plateforme permet de
rechercher simplement certains liens, ainsi que d'identifier les échanges et réseaux d'utilisateurs se constituant.
Ici aussi, cette plateforme à été fortement médiatisée il y a quelques mois. Voici donc des articles descriptif de cet outil et de ses
finalités:
==> http://www.lesinrocks.com/medias/numerique-article/t/57093/date/2010-12-29/article/storify-une-revolution-en-marche
==> http://fr.locita.com/reseaux-sociaux/twitter/storify-le-renouveau-du-journalisme/
==> http://www.mag2com.com/?storify-vers-une-nouvelle-forme-de
Trunk.ly
Trunk.ly, d'un point de vue pratique, propose tout d'abord après inscription (pas
besoins de Twitter ici) d'importer directement ses signets Delicious.
L'ajout de liens, de manière manuelle, est vraiment simple. Autre possibilité : connecter directement Trunk.ly à ses comptes Facebook,
Twitter, Tumblr et Posterous (les premières plateformes de curation ?!) ou encore Google Reader.
Pour la veille, cet outil s'avère cependant moins pratique et intéressant que les précédents. En effet, étant encore en version alpha,
il est nécessaire pour trouver des comptes de passer par les comptes des créateurs, et de rechercher ensuite dans leurs followers, ou dans leurs tags pour trouver des sujets... Bref, à surveiller
mais de (très) loin pour l'instant !
A noter que dans une approche de PKM Trunk.ly peut devenir un outil intéressant d'archivage.
Pearltrees
Pearltrees, outil basé sur la mise en lien (graphiques) des contenus et des
utilisteurs, ainsi que sur un concept d'enregistrement automatique de votre navigation web, avait déjà été présenté sur ce blog : Bookmarks et e-réputation : chercher dans la
mémoire des internautes En résumé, dans un article sur les outils de bookmarking... La différence est certe subtile mais, comme dit en introduction, Pearltrees se dénomme comme
« plateforme de curation ».
Mais encore : Qrait, Publitweet, Cithread, Eqentia,
Curationstation, Habitstream, Kweeper (une sorte de Twitter, à tester)...Parfois payants, ces outils
sont sur le même concepts que ceux présentés précédemment, souvent automatisés et basés sur Twitter que sur une réelle selection par l'utilisateur...
Plateformes basées sur un algorithme
Evidemment toutes ces plateformes fonctionnent avec des algorithmes... Mais les 3 (re)présentées ci-dessous regroupent le même principe
: le choix des sources est humain (et souvent issu de Twitter), mais la selection, le classement et la hiérarchisation des informations sont réalisés par l'outil. Intéressant
pour découvrir des ressources, pour évaluer ce qui s'échange le plus dans une communauté (enfin tout dépend des critères de classement de l'outil, souvents obscurs), ou tout simplement fournir un
support intéressant pour diffuser de l'info.
Paper.li
Déjà présenté sur ce blog, Paper.li remporte un
certains succès auprès des utilisateurs de Twitter. Ses fonctionnalités ne cessent d'évoluer (possibilité de rechercher dans les archives d'un compte, de voir les statistiques de visites du
compte, présence d'un flux RSS) en faisant un outil de veille de plus en plus efficace. Et spécialement pour observer les articles les plus partagés dans des communautés Twitteriennes.
TwitterTim.es
TwitterTim.es fonctionne sur le même concept que Paper.li, et existe depuis déjà plus d'un an (l'ancêtre de la curation algorithmée ?!). Sur le
principe de la revue de presse, cet outil est tout de même moins
ergonomique que le précédent. A tester donc, surtout que l'automatisation permet de produire un résultat très rapidement.
Montage
Montage est un outil Mircrosoft basé sur un principe
simple : Bing va chercher pour vous de l'info (ou depuis votre compte Twitter), vous n'intervenez au final que pour la selection des informations en elles-mêmes, la mise en page ou autre. Mais
vous pouvez laisser simplement Montage faire le choix et la mise en page pour vous.
La recherche est ici quasi impossible puisque comme Paper.li et TwitterTime.es, montage propose des pages d'utilisateurs (rappelant
aussi dans un certains sens Posterous), et ne fonctionne sur un concept de réseau social (avec des followers, des commentaires, etc.).
Eric Dupin à fait une très bonne description pour mieux appréhender cet outil.
A noter que Flipboard est, pour les possesseurs d'I-pad (une
niche dans la niche en somme), un outil à l'ergonomie sympathique, et fonctionnant comme les plateformes présentées juste au-dessus.
Au final : curera bien qui curera le dernier
Comme dit en introduction, peu importe le terme, l'aspect marketing qui se cache derrière (après avoir vendu du community
management transmedia réputationnel, vendons de la curation), les usages se développent et les outils suivent.
Simples feux follets numériques ou réelles tendances du web, ces outils peuvent dès maintenant être intégrés dans
les stratégies de veille et de communication/marketing en ligne. Le tout étant, ne cessons pas de le rappeler, de ne pas tomber dans l'effet de mode et bien garder évaluer le potentiel de chacune
de ces plateformes.
Quelques petits étonnements au passage :
==> chaque plateforme essaye de créer son propre langage, ses propres terminologies pour au
final... les mêmes fonctionnalités! Une «normalisation » ne serait-elle pas bienvenue (même s'il n' y a pas encore de leader sur le marché pour imposer ses standarts) ?!
==> Le lien avec Twitter est pour l'instant le plus mis en avant pour la plupart de ces outils,
réduisant ainsi la diversité au niveau des contenus et des seléctions francophones (étant donné le faible nombre de gazouilleurs français). Ce qui souvent, au niveau de la veille, rend peu
intéressant ces outils (autant suivre directement les comptes)
==> En cumulant les fonctionnalités de la plupart d'entre ces outils, il serait possible d'en
créer un vraiment performant et attractif
==> Soyons clairs (et prédictifs) : la plupart de ces plateformes ne passeront pas
l'été...
==> Tumblr, Posterous voir même Frieenfeed auraient eu leur place ici dans un certains sens
(mise en page rapide et/ou automatisée de liens avec possibilité d'y ajouter des annotations/commentaires). A noter que le même destin que Friendfeed attend certaines de ces plateformes : être
rachetées pour intégrer le concept dans un réseau à plus forte notoriété et au plus grand nombre d'utilisateurs (suivez mon regard...)
Voilà, maintenant, promis, je ne parle plus de curation
Et vous, comment intégrez vous ces outils dans votre veille ou vos stratégies d'e-réputation ?! Pensez vous que les pratiques
vont réellement se développer ?