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Blog traitant de l'E-Réputation et des moyens de la surveiller : outils, méthodes, actualités... Venez faire vos courses chez nous!

Vers une définition théorique de l’e-réputation

Aller-plus-loin001.jpgL’e-réputation est une notion complexe et multiple, pour l’instant principalement abordée par la littérature professionnelle. Lors du congrès 2012 de la SFSIC, Julien Pierre et moi-même avons tenté une approche plus « scientifique » (plutôt épistémologique en fait) et surtout info-communicationnelle de cette notion. Voici donc quelques réflexions pour définir ce concept.

 

Ou plutôt « vers trois définitions », mettant en avant les aspects info-communicationnels liés à ce concept : une de la réputation, une intermédiaire de l’e-réputation (aspect communication) et une dernière regroupant les aspects nous semblant incontournables…

 

 

Pour remettre en contexte notre approche, il faut souligner que :


==> Julien prépare actuellement une thèse sur la vie privée en ligne (identité numérique, et tout ce qui l’accompagne), et moi sur l’e-réputation des organisations (d’où la suite logique : définir une notion que nous emploierons fortement)


==> Nous échangeons depuis un certain temps sur ces thématiques, et l’idée de ce papier nous est venu suite à l’écriture de deux billets produits parallèlement sur les industries de la (e)réputation (ici pour Julien, et pour moi)


==> La thématique du colloque portait sur les débats publiques et l’apport possible des SIC dans ces débats. Notre papier vise donc à définir des pistes d’analyses de l’e-réputation d’un point de vue info-communicationnel, plus que fournir une définition qui se suffit à elle-même. L’idée étant plus d’ouvrir des voies pour nos propres recherches et celles des autres, que de s’accorder sur des définitions immuables


==> La version pré-print de la communication (avant ajout dans les actes du colloques et quelques modifications) se trouve sur HAL, et elle est intitulée Construire un cadre d’analyse avec les SIC pour comprendre les pratiques et les enjeux de la réputation en ligne (des individus et des organisations) 


==> Ci-dessous vous trouverez la version diapositives, qui est issue d’un Prezi que je vous invite à consulter si vous aimez les images qui bougent

 

 

Enfin, voici la présentation, que je vais rapidement détailler par la suite (en présentant le détail des principales définitions). Pour une analyse plus exhaustive et commentée de notre présentation, je vous invite à aller lire le billet publié par Julien : De quoi la réputation est-​elle le nom ?

 

Bonne lecture (et quelques explications ci-dessous)!

 

 

Vers une définition scientifique de l'e-réputation

 

 


Première approche : la réputation


 

La réputation est une évaluation affectivement, cognitivement et socialement construite d’une herméneutique de l’être et de l’agir et déterminant pour partie l’engagement des acteurs sociaux dans une relation avec l’entité à laquelle cette information est attachée.


 

Cette première définition de la réputation (non numérique) vise à souligner certains aspects inhérents à son étude. La réputation est en effet un construit reposant sur des aspects :

 

==> Affectifs : la réputation fait appel à des éléments biographiques. En fonction de sa propre expérience, chacun réagira différemment devant les  actes d’une entité (individu ou organisation)


==> Cognitifs : la réputation est une perception construite par des informations concernant une entité et ses actions. Informations dont le traitement sera là-aussi propre à chaque individu


==> Sociaux : la réputation est un construit social


==> Herméneutiques : pour « générer » une réputation, il faut pouvoir interpréter les actes et dires d’une entité


==> D’engagement : la réputation est un facteur relationnel. Par exemple : pour acheter un produit, je me baserai sur la réputation du vendeur ou de l’entreprise.

 

 

 

Définition intermédiaire : l’e-réputation comme relation


 

L’e-réputation est un acte de communication intentionnel porté par des internautes dans un contexte numérique, acte pour lequel ils sont à la fois producteur et consommateur de cette observation, et qui permet par la mise en relation de connaissances préalables et expérientielles la construction d’indicateurs.      

 

Cette deuxième définition vise principalement à soulever les aspects communicationnels liés à l’e-réputation :


==> L’e-réputation est un acte de communication (échange d’informations entre deux individus, avec une médiation algorithmique liée aux outils utilisés)…qui repose sur une intention évaluative : « je m’exprime à propos de l’entité car j’ai pour intention de l’évaluer ». Il sera donc intéressant par la suite d’essayer de définir quelle est cette intention, sous quelle forme elle s’exprime, etc.


==> Pour analyse l’e-réputation, pour interpréter le sens donné à un message, il parait essentiel de prendre en compte le contexte (plate-forme, algorithme, etc.). Ce qui, d’ailleurs, justifie en partie le « e » accolé à réputation


==> L’e-réputation repose sur la mise en relation de connaissances issues de l’expérience (« j’évalue X de tel manière car je connais certains de ces agissements ou des actes similaires »)


==> L’e-réputation amène la construction d’indicateurs, le web en regorgeant : Klout, Like, Tweets, Etoiles, Notes, etc, etc.

 

 

Définition finale (mais pas définitive) de l’e-réputationsic

 

L’e-réputation procède d’une redocumentarisation itérative automatisée ou endogène des interprétations et connaissances produites en ligne par les individus ou les organisations,  forgeant un attribut identitaire servant de marqueur prescriptif destiné à cadrer dans un contexte asynchrone et atopique les formes d’engagement ultérieures, et facilitée par les fonctionnalités techniques des sites web où elle opère une informatisation du microsocial au profit et avec les moyens de la logique marchande.

 

 

Enfin, nous avons choisis d’aborder l’e-réputation comme une forme de rationalisation de nos actes en ligne. Rationalité (toute limitée) permettant selon nous une forme de gestion de celle-ci, et ayant tout du moins permis le développement de ces « industries de la (e)réputation » (agences, outils, etc.). Car :


==> Etudier l’e-réputation c’est définir la manière dont les documents numériques qui supportent l’expression des individus sont modifiés/re-agencés/contextualisés au fil de leurs disséminations… Bref, « redocumentariser », que cela soit fait automatiquement par des plates-formes (les boutons de partage par exemple), ou manuellement par les internautes (ajout de métadonnées, de commentaires, de #, etc.).


==> Analyser l’e-réputation c’est considérer que ces connaissances produites viennent (par le biais d’indicateurs donc, mais pas que) s’attacher à « l’identité » de l’individu/organisation. Et que l’on ne peut donc définir cette identité sans prendre en compte ses attributs réputationnels

 

==> Observer un phénomène d’e-réputation ne peut se passer de l’appréhension et l’analyse des fonctionnalités techniques proposées par les plates-formes web où l’on s’exprime (comme le rôle des API)


==> Enfin, l’e-réputation repose sur une traduction des usages sociaux en chiffres… Traduction permettant alors à une véritable industrie du ranking de se développer. Industrie qui, ici encore, parait nécessaire à intégrer dans son approche de l’e-réputation.

 

 

Au final…

 

3 ans après la proposition d’une définition collective et professionnelle de l’e-réputation, voici une approche plus théorique et « scientifique » (je mets des guillemets car l’on peut au passage s’interroger sur cette notion –est-ce dû au statut des auteurs ? de la publication ? des mises en relief épistémologiques ?).


Approche qui, rappelons-le encore une fois, vise surtout à donner d’une part des pistes d’études d’un point de vue info-comm. Et d’autre part montrer qu’au-delà du buzzword l’e-réputation est une notion méritant une approche plus approfondie pour devenir un concept à part entière. Concept dont, pour ma part, je ne doute pas de l’intérêt tant son usage courant montre qu’il nécessite une analyse plus distanciée et moins commerciale…

 

Les questions/débats vous sont ouverts !!!

 

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