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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 14:06

 

La veille sur le web n’est pas exempt de la nécessaire qualification des sources inhérente à l’intelligence économique : qui est l’auteur d’un message, quelle véracité des informations diffusées, etc. Certains critères sont donc nécessaires à mettre en place. Mais au-delà, il apparait que, sur le web, plus qu’une question de crédibilité il convient de s’interroger sur la popularité ou « l’expertise » prêtées à un auteur. Voire à sa réputation…

 

Dans un ancien billet intitulé Qualification des sources 2.0 je proposais des outils pour identifier certains critères : pour définir l’identité « réelle » de l’auteur d’une source (ou son hébergeur –Whois), ses liens communautaires, etc. Ici, pas d’outils spécifiques, mais plutôt des indicateurs/critères à mettre en place et à appliquer. Et ce pour répondre globalement à la question : puis-je faire confiance à la source/auteur de cette information diffusée sur le web ?


Une fois n’est pas coutume (mais je reprends progressivement après 2 mois d’absence ), les différents critères que je vais proposer son issus de la thèse de Doctorat de J. Depauw intitulée « Qualité de l'information et vigilance collective sur le web. Étude des stratégies d'évaluation des sources en ligne par les professionnels de la gestion de l'information dans les organisations », et accessible en ligne (pdf) ici.


Dans les annexes de sa thèse (p.264) l’auteur propose un tableau récapitulatif avec différents critères. Plutôt que de reproduire ce tableau, je vous propose ici une sélection et description de certains de ces critères (ceux me paraissant les plus pertinents et « opérationnalisables » rapidement).

 

 

Des critères de crédibilités…

 

 

Identifier les objectifs (l’intention) de la source


==> Peut-on formellement identifier l’auteur ? Par son identité civile ou un pseudonyme employé régulièrement


==> Est-ce que l’auteur indique les sujets qu’il souhaite aborder et de quelle(s) manière(s) ? La biographie sur Twitter ou sur un blog par exemple peuvent indiquer ce type d’intention


==> Quelle est l’audience de la source ? Partant du principe que les informations diffusées visent un public (réel ou imaginé) l’on peut extrapoler ainsi l’audience recherchée par l’auteur. Les abonnés, fans, ou commentaires sont aussi un indicateur du type d’audience


==> Quels sujets abordés ? De quelle manière ? Dans quel champ géographique ? Bref, l’ensemble des questions pouvant amener à définir ce que l’auteur souhaite aborder et dans quelles limites

 

 

L’autorité et la réputation de la source


Pour l’autorité, plutôt qu’un processus informationnel, je vous renvoie à l’idée d’autorité réputationnelle déjà présentée sur ce blog. Mais nous pouvons aussi parler :


==> Influence de la source : avec un ensemble de critères quantitatifs, comme l’audience (si elle est mesurable), le volume d’abonnés, la capacité de diffusion, le volume d’interactions avec le public (commentaires, retweet, likes, etc.), ou encore le rafraîchissement de la source


==> La popularité de la source, autrement dit sa visibilité sur les moteurs de recherches, avec là aussi un ensemble de critères quantitatifs : positionnement sur les moteurs pour un mot-clé, volume de liens entrants, intégration de la balise Author, le volume de citations…


==> Le positionnement communautaire : en comparaison aux autres sources traitant de sujets similaires, quelles relations (hypertextuelles) avec ces autres sources ? Des outils de visualisation et de cartographie des liens sont alors nécessaires, et permettent d’interpréter la place de cette source dans une « communauté » donnée (est-elle centrale, est-ce un lien faible, etc.)


==> Le tout pouvant amené à l’idée d’expertise qui là aussi se mesure sur le web d’une manière plus quantitative que qualitative…


 

La qualité de l’information diffusée


==> L’information est-elle, au niveau factuel, juste ? Si, par nature, une information est toujours vraie, la question est ici de savoir si les faits rapportés le sont de manière précise. Surtout, cette interrogation doit amener à identifier le traitement effectué de l’information : est-elle tronquée, si oui comment ? Qu’est-ce que l’auteur met en avant ou non, et de quelle(s) manière(s) ? Quelles opinions relaie-t-il, et quelles sont celles qu’il exprime ?


==> Quelles sont les références de l’auteur ? Cite-t-il ses sources ? Ces sources sont-elles crédibles, font-elles autorité ?


==> La forme et la précision du discours : le document est-il à jour, la date est-elle précisée ? Mais aussi le niveau d’expertise qui peut être évalué par rapport aux expertises déjà présentes dans l’organisation, ou à partir de document jugés de référence

 

 

…à des indicateurs de réputation

 

Si ces critères et questionnements peuvent amener à juger les informations produites et diffusées comme fiables, et donc à intégrer dans une prise de décision, lorsque l’on parle d’e-réputation la question est tout autre. Peu importe si l’information est crédible, tant qu’elle impact votre (e)réputation…


Il convient alors de ne plus s’interroger seulement en fonction des propres objectifs de l’organisation (ou par rapport à ses propres critères de qualification), mais aborder une information ou une source par le prisme de vos publics : l’information est-elle crédible pour les publics que vous visez ?


Par exemple (très trivialement), si nous prenons les attentats du 11 septembre nous pouvons identifier deux types de publics (très scientifiquement des « communautés épistémiques »). Pour les adeptes du complot, c’est un missile qui s’est écrasé devant le pentagone. Pour le reste de nos sociétés occidentales, c’est un avion. L’information recouvre alors deux « vérités » : l’une admise d’une large partie de la société, et l’autre propre à un groupe. Groupe qui accorde en conséquence sa confiance à certaines sources spécifiques, peut être en fonction des mêmes critères que ceux présentés ici, mais avec une autre interprétation.


Il convient de s’interroger sur ce qui, pour un public donné, est un critère de crédibilité, voire la manière dont les critères classiquement utilisés seront interprétés par ce public. Car si identifier l’identité civile de l’auteur permet pour l’organisation de plus facilement lui accorder sa confiance, ce n’est pas dit que dans un contexte et pour un public spécifique cette identité soit un critère de crédibilité ou de confiance. Au-delà des critères proposés ici il convient donc de :


==> Définir le contexte informationnel dans lequel évolue le public : quelles informations circulent sur un sujet, quelles sont les plus populaires, qui sont les relais ou producteurs de ces informations, quels sont leurs attributs identitaires en ligne (signes de leur autorité et crédibilité), quelles interactions avec l’information peuvent être signes d’une confiance accordée ou non par le public ?...


==> Questionner les indicateurs classiquement utilisés par les plates-formes : les liens entrants (popularité) sont peut-être créés artificiellement, l’activité (Klout) n’est peut-être pas signe de crédibilité, etc ;


==> Définir des sources et s’en servir de base de comparaison : des relais sur Twitter, des journalistes, des blogueurs… Bref, identifier des référents par le prisme desquels les sources seront analysées.


Il s’agit ici plus de pistes que de formules magiques (qui n’existent pas de toute façon)… La seule recette efficace sera celle que vous concocterez en fonction de vos objectifs, appréhension du sujet, pratiques du web et de la veille.

Mais le fil directeur doit être le suivant : la vérité n’est pas ce qui est, mais ce que l’on souhaite qu’il soit. Autrement dit, le web change en profondeur les notions de crédibilité et de véracité, et sans développer son propre point de vue sur l’information qui y circule (et malgré une large gamme de critères possibles) toute recherche de « vérité » et toute attribution de confiance est illusoire… Cherchons alors moins des internautes crédibles, que des internautes « influents » et réputés puisque que parfois la vérité est construite par leurs propos plus qu’ils ne la rapportent…

 

Et vous, comment jugez-vous la crédibilité d’une source web ? Comment appréhendez-vous ce passage de l’autorité à l’influence, et de la crédibilité à la popularité ?!

 

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